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Le parcours médaillé de Macky Sall

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MAcky sall Le très contesté président sortant Abdoulaye Wade reconnait sa défaite face à Macky Sall. Le nouveau chef de l’Etat était supporté durant les élections par le disqualifié Youssou N’Dour, le chanteur et propriétaires de médias auto déclaré représentant du peuple. Mais derrière cette élection où le peuple sénégalais souhaite rompre avec deux points : la politique d’Abdoulaye Wade, et sa tentative de réelection anticonstitutionnelle, le second point est assuré, mais quand est-il du premier ? Pour en savoir plus regardons le parcours de Macky Sall, qui est-il ? Que fait-il ?

Du fils spirituel au rival politique :

Macky Sall est entré au Parti Démocratique Sénégalais d’Abdoulaye Wade en 1980. Il a ensuite occupait sous les mandats Wade le poste de ministre des Mines, de L’Energie et de l’Hydraulique, de ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales et de porte parole du gouvernement. Des postes clefs qui sont dans chaque République détenues par des proches de la vision politique du président.

Il est ensuite premier ministre d’Abdoulaye Wade de 2004 à 2007. Et il n’est pas un premier ministre d’opposition, choisi pour faire de l’ouverture durant le mandat Wade. Non il est le premier ministre qui est resté le plus longtemps en exercice sous Wade : 3 ans. Il réactive alors des projets mis en arrêt : autoroute, corniche de Dakar, nouvel aéroport signés auprès d’entreprise comme Vinci. Il le dit, il est libéral lui aussi.

En 2007 il conduit la campagne présidentielle de Wade, puis subitement il prend ses distances avec le président. Pour en 2012 être avec d’autres proches de Wade les seuls à avoir le droit de se présenter aux élections. Youssou N’Dour qui s’est proclamé porte parole de la contestation contre Wade finit par se ranger du côté de Macky Sall, lui donnant ainsi une image de réel opposant politique. Il sera d’ailleurs remercié très vite en obtenant après l’élection de Macky Sall le poste de Ministre de la Culture et du Tourisme.

C’est donc en 2007 qu’intervient un coup d’éclat dans les rapports entre Wade et Sall. Alors président de l’Assemblée Nationale il convoque Karim Wade, le fils du président, pour une audition sur les travaux de l’ANOCI (Agence nationale de l’Organisation de la Conférence Islamique), un détournement d’argent qui a profondément choqué les sénégalais. En réponse son poste de numéro deux du parti est supprimé et son mandat à l’assemblée nationale réformé de 5 ans à un an. Cet acte montre que Macky Sall aura sans doute le mérite de reformer le train de vie de la présidence et ses privilèges familiaux. Il s’était d’ailleurs indigné des gaspillages de l’Etat sénégalais.

Mais en politique il n’est pas suffisant de s’arrêter aux conflits internes pour juger du niveau de rupture entre deux politiciens : un rival politique ne veut pas dire opposant politique. Macky Sall l’annonçait lors des résultats «Ce soir, une ère nouvelle commence pour le Sénégal». Pour comprendre ce qui pourrait attendre le Sénégal, il faut s’intéresser aux enjeux du schisme de 2007.

Du rival politique aux amitiés entre élites internationales :

Depuis 2007 un contrat majeur a été perdu par l’entreprise française Bolloré. Vous le connaissez tous, c’est le propriétaire du yacht sur lequel Nicolas Sarkozy a passé les premiers jours suivant son élection. . Le contrat perdu c’est celui du port de Dakar qui est allé au profit de Dubaï le 8 octobre 2007. Wade fait signer ce contrat par son premier ministre Macky Sall. Mais l’accord a été négocié par Karim Wade avec l’entreprise Dubaï Port World.

Le fils Wade a donc humilié l’entreprise Bolloré, après des décennies de présence à Dakar, c’est le concurrent Dubaï qui gagne l’appel d’offre. Bolloré contre attaque dans les jours qui suivent et dénonce « un manque de transparence », annonçant avoir proposé une somme plus importante que Dubaï. Mystérieusement, quelque temps après Alain Wils, le Directeur général du groupe CMA CGM, principal partenaire de Bolloré, s’est félicité de la concession du terminal à conteneurs du Port de Dakar au groupe DP World de Dubaï.

Mais derrière les faux semblants, l’agressivité économique du géant s’est intensifié. Le directeur Afrique de « Bolloré Africa Logistics » Dominique Lafont a indiqué que son groupe était dans une « phase de reconquête » au Sénégal. « Nous souhaitons développer nos activités dans la sérénité. La perte de nos activités de gestion et d’exploitation du terminal à conteneurs a provoqué la chute de nos résultats. Un coup que nous efforçons de compenser », précise t’il avec la même légèreté qu’un joueur d’échec. Action immédiatement mises en pratique avec la réalisation de contrat multiples en partenariat avec Vinci pour créer et prendre possession des infrastructures terrestres du Sénégal et des pays limitrophes.

Parallèlement les relations entre Macky Sall et Abdoulaye Wade continuent d’empirer. Macky Sall a été accusé de blanchiment d’argent, pour lequel il obtiendra un non lieu. Le 9 novembre 2008 il annonce son départ du PDS et il crée en décembre son propre parti APR-Yaakaar. En 2009 il remporte de nombreuses victoires lors des élections locales. En juin 2010 un sondage en vue de la présidentielle place Macky Sall juste derrière Abdoulaye Wade, mais sans comptabiliser d’éventuels ralliements. En octobre plusieurs journaux africains évoquent la rumeur d’une revente du port de Dakar par Dubaï Port World. Rien ne sera confirmé mais le doute demeure et permet d’ouvrir les champs d’action selon l’évolution de la politique sénégalaise.

Mais dans cette biographie parallèle entre le port de Dakar et le parcours de Macky Sall, il manque une date pour comprendre les changements d’avis plus que surprenant de Bolloré lors des négociations et de Dubaï Port World après les sondages.
Le 25 mars 2008 : Macky Sall reçoit la légion d’honneur par Jean-Christophe Ruffin. Un homme étonnant : Il est investie ambassadeur du Sénégal et de la Gambie en aout 2007, soit deux mois après l’annonce de la vente du port de Dakar. Traduction : La France quelques mois après que Bolloré ait perdu le port de Dakar, choisi de changer son représentant auprès de l’Etat Sénégalais par Jean-Christophe Ruffin. Celui ci offre à Macky Sall la légion d’honneur.

On entend souvent dire que la légion d’honneur est donnée à n’importe qui. Pour les sportifs et artistes oui, mais concernant les personnalités politique, ça n’est ni le même niveau de prérequis, ni la même personne qui prend la décision finale. Les extraits suivants proviennent du site officiel de la légion d’honneur :

  • « Article R.128
    Les étrangers qui se sont signalés par les services qu’ils ont rendus à la France ou aux causes qu’elle soutient peuvent recevoir une distinction de la Légion d’honneur […] »
  • « Article R.131
    Toutes les propositions pour la Légion d’honneur concernant des étrangers sont transmises par le ministre compétent au ministre des affaires étrangères, qui a charge de les présenter au conseil de l’ordre dans les conditions prévues aux articles R. 28 à R. 32.
    Toutefois, les attributions de dignités et de grades aux chefs d’État et à leurs collaborateurs ainsi qu’aux membres du corps diplomatique sont laissées au soin du grand maître. »
  • « Article R.132
    Les candidatures des étrangers résidant à l’étranger présentées par les chefs de mission diplomatique doivent être accompagnées d’un dossier justifiant la proposition et soumises au conseil de l’ordre. »


Alors, toute la question reste de savoir ce qu’il va advenir du port de Dakar, et quels contrats seront réalisés par Macky Sall. Prendra t’il le contre pied des habituels transactions qui bradent les ressources, ou qui offrent les infrastructures à des intérêts étrangers sans contre partie significative ? Ou sera t’il le candidat de la rupture ?

Ses premières décisions militaires et internationales :

Macky Sall  sera certainement un président très actif sur la scène internationale. Lors du discours à la nation ayant suivi son investiture il a tenu des propos qui valident l’entrée du Sénégal dans un nouvel échelon de partenariats avec les politiciens et financiers du monde, une entrée alignée : «  Le 4 avril 2012, nous célébrons dans la joie des cœurs et la communion des esprits le 52e anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale. » , vous avez bien entendu, la souveraineté internationale. Et comme toute confirmation de l’entrée à la cours des seigneurs, elle passe par la mise à disposition de son armée pour les suzerains des institutions internationales qui ne font cas d’aucune volonté nationale : « Le thème retenu cette année, Forces de défense et de sécurité et coopération internationale, donne la pleine mesure des exigences que doit remplir une Armée Républicaine et moderne. » A n’en pas douter, les mouvements de résistance nationale sur le continent Africain risquent de grandes difficultés avec une participation plus active d’armées comme celles de Côte d’Ivoire et du Sénégal. Une idée bien loin du simple fantasme comme le soulignent les menaces de Macky Sall et d’Allassane Ouatarra lors de la crise malienne entre putschistes et mercenaires touaregs. Le président ivoirien ayant menacé les militaires malien en proposant l’envoi de 2000 soldats pour les déloger du pouvoir. Ils venaient de destituer temporairement le président pour mettre fin aux pillages et tueries des touaregs du nord du Pays, un problème laissé en roue libre depuis des mois. Macky Sall est resté quand à lui plus mesuré que son confrère, il était récemment élu, mais soutenait une telle action militaires contre les putschistes, sans donner de précisions.

Mais Macky Sall est beaucoup moins complaisant envers les rebelles présents sur son territoire. Au sud du Sénégal, la Casamance est depuis des années isolée du reste du pays depuis l’apparition du Mouvement des forces Démocratiques de Casamance. Pourquoi revendiquent ils l’indépendance ? Parce qu’ils contestent la façon dont sont exploitées les ressources au sud du Sénégal, qui ne profitent pas aux populations locales. Sans doute auraient ils plus à dire, mais le prédécesseur de Macky Sall était tout aussi résolu à ne pas laisser les rebelles étendre leur influence. Plusieurs journalistes ont été enfermé par Abdoulaye Wade sous prétexte de coopération, là où leurs travaux et interviews montraient simplement la défense de l’information. Lors de son discours, Macky Sall a affirmé qu’il ferait tout pour résoudre la situation de la Casamance durant son mandat, et d’annoncer déjà « La paix revenue, la verte Casamance, riche de son potentiel naturel et humain, offrira toutes les possibilités d’investissements publics et privés pour la prospérité de nos populations. »

Une mondialisation qui continue de placer les intérêts des peuples derrière les idéologies élitistes :

Après 50 ans des indépendances africaines, les médias se sont bien contentés des faits divers et des illusions démocratiques facilités par l’alternance. Mais tout le monde a oublié de voir ce qu’il se passait du côté des économies et des soutiens militaires qui soulignent tant pour les nations d’Occident que d’Afrique, la fin de la souveraineté des peuples, au profit des partenariats entre élites.

Chacun jugera de ce nouveau président sénégalais, mais il ne pourra pas contester la polémique de cet article sans suivre dans les mois et années à venir, les sujets économiques et militaires traités par Macky Sall. Seuls références concrètes pour juger l’action d’un président sans en rester aux déclarations politiciennes et médiatiques.

Reste que la rédaction de MilitantVibes, après l’information et les débats, souhaite au Sénégal un avenir de justice et de paix, ainsi qu’à tous les États.

Article réalisé par François Schockweiller

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